La domination, dans l’industrie automobile, n’est pas toujours une question de fusion ou de rachat. BMW, à contre-courant de la tendance aux mégafusions, s’est forgé une trajectoire singulière : celle d’un groupe qui a résisté à toutes les tentatives d’absorption et qui affiche, aujourd’hui encore, une indépendance farouche. Alors que tant de concurrents ont changé de mains, le géant munichois demeure l’un des rares constructeurs mondiaux à rester maître de son capital. Aucune multinationale, aucune société étrangère n’a mis la main sur BMW. Cette ligne de conduite n’a rien d’un hasard du calendrier, elle relève d’un choix stratégique qui façonne le visage du groupe et ses alliances sur la scène internationale.
Le portefeuille de BMW ne se limite pas à la marque éponyme : à ses côtés figurent MINI et Rolls-Royce Motor Cars. Contrairement à une idée répandue, la marque n’a jamais été la propriété de Volkswagen ni d’aucun autre concurrent direct. Cette configuration actionnariale unique influence la vision stratégique du groupe, des bureaux de Munich aux concessions du monde entier.
BMW à travers le temps : origines, évolution et modèles emblématiques
Retour à 1916, Munich. L’entreprise Bayerische Motoren Werke voit le jour et pose dès ses débuts les jalons d’un destin atypique. D’abord focalisée sur les moteurs d’avion pour répondre aux exigences de la Première Guerre mondiale, elle opère, une fois la paix revenue, un virage nécessaire vers la production de motos, puis d’automobiles. Le siège social, enraciné dans la capitale bavaroise, incarne cette identité régionale que BMW revendique sans détour.
Cela n’a rien d’un parcours linéaire. La Seconde Guerre mondiale interrompt brutalement la croissance de BMW, obligeant le groupe à se reconstruire, étape après étape. C’est au début des années 1960 que la marque frappe fort avec la “Neue Klasse” : des berlines modernes, nerveuses, qui imposent un nouveau standard en termes de dynamisme et de design. Ce tournant marque l’expansion de la gamme : berlines, breaks Touring, cabriolets et coupés s’enchaînent, chacun illustrant le mariage du plaisir de conduire et de l’innovation mécanique, une rareté à l’époque.
L’accélération ne tarde pas. BMW Motorsport, la division sportive, s’impose sur les circuits internationaux, de l’endurance à la Formule 1. Ce savoir-faire alimente la création de modèles mythiques, de la Série 3 à la Série 7, où chaque génération perpétue l’exigence technique et le goût de la performance. À travers les décennies, la marque n’a cessé de cultiver sa différence, ancrée dans l’histoire et dans une certaine idée de l’excellence allemande.
Qui possède BMW aujourd’hui ? Décryptage des liens avec Rolls-Royce et Bentley
La question revient régulièrement : quelle entreprise détient aujourd’hui le contrôle de BMW ? La réponse reste d’une simplicité remarquable : BMW appartient toujours à BMW. Depuis la fin des années 1950, la famille Quandt détient une part prépondérante du capital. Aujourd’hui, Stefan Quandt et Susanne Klatten, héritiers de cette dynastie industrielle allemande, possèdent près de la moitié des actions du groupe. Le reste est réparti sur le marché boursier, sans qu’aucune autre société ou fonds d’investissement n’ait jamais pris le dessus. La direction, incarnée par Oliver Zipse, reste fidèle à Munich.
Rolls-Royce et Bentley : deux trajectoires distinctes
Le cas Rolls-Royce et Bentley mérite d’être éclairci, tant il suscite de confusions. En 1998, la maison-mère britannique Vickers cède ses deux marques d’exception. Après une bataille digne des plus grands feuilletons industriels, BMW récupère la marque Rolls-Royce et ses brevets moteurs, tandis que Volkswagen acquiert Bentley, ainsi que l’usine historique de Crewe. Depuis, la situation est limpide : Rolls-Royce Motor Cars est une filiale intégrale de BMW, tandis que Bentley appartient en totalité à Volkswagen. Entre les deux, plus aucun lien capitalistique, même si, à la fin des années 1990, une période de transition a vu coexister certaines synergies techniques.
Voici un aperçu des principaux groupes et des marques qu’ils détiennent aujourd’hui :
- BMW Group : propriétaire de BMW, MINI et Rolls-Royce Motor Cars
- Volkswagen : propriétaire de Bentley, Audi, Porsche et Lamborghini
La confusion persiste parfois en raison de la proximité des rachats et de certains développements techniques communs à l’époque. Pourtant, la structure actionnariale de BMW n’a pas bougé d’un iota : la marque bavaroise n’a jamais été avalée par un concurrent, et son indépendance reste, à ce jour, une exception dans le secteur.
Stratégies et ambitions du groupe BMW sur la scène automobile mondiale
La stratégie du groupe BMW s’articule autour d’un triptyque : croissance, rentabilité, adaptation technologique. Le constructeur allemand avance sur deux fronts : d’un côté, la mobilité électrique avec la gamme BMW i (véhicules électriques, hybrides rechargeables, investissements massifs dans les batteries et le digital), de l’autre, la perpétuation d’une mécanique sophistiquée. L’objectif est clair : conserver sa place face à la montée en puissance de Tesla et des acteurs chinois.
BMW ne se contente pas d’annoncer des ambitions : il fabrique, et à vaste échelle. Les usines de Dingolfing, Leipzig et Spartanburg (Caroline du Sud) témoignent de ce maillage industriel, pensé pour coller au plus près des marchés stratégiques. La Chine s’est imposée comme premier débouché mondial, absorbant environ un tiers des ventes, devant l’Europe et l’Amérique du Nord.
Le groupe mise aussi sur l’innovation : aides à la conduite, plateformes connectées, réduction des émissions de CO2. Grâce à ses filiales MINI et Rolls-Royce, il couvre tous les segments du marché, de la citadine premium à la limousine de grand luxe.
La compétition automobile reste dans l’ADN de BMW. La division M Motorsport, la présence en endurance, alimentent la réputation de la marque sur la scène internationale. Côté résultats, la stabilité financière est au rendez-vous : 155 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023, des marges robustes, et un plan d’électrification qui s’accélère pour les prochaines années.
Dans un secteur où chaque décennie redistribue les cartes, BMW trace sa route, fidèle à ses choix et à ses ambitions. L’histoire continue, moteur allumé, sans passager clandestin à bord.